Les pensées du matin, plutôt les matinales, teintées d’immobile en exercice de soleil levant au milieu d’un monde mouvant.
#13 les pensées vives
pas d’aube sans sirène
pas d’heure sans éclair
un grondement sourd des ans
#14 bientôt le mois
le mois du mois
la rue dans le dos
et les rails silencieux
#15 se réchauffer dans la chaleur
invisible de soi
dans l’enveloppe contenir
l’impatience de chair et d’os
——— silence en coeur battant——
#16 voyager au loin
des cités là-bas
images sans visages
corps de mains et matières
#17 face à l’objectif
tâtonnement de langage
pleins et déliés de bics
sur les lignes en cahier
#18 cette maison est la mienne
ça veut dire ici,
doigt en suspens sur portées de mots
ici, c’est ma maison
——— mots en écho de langue autre———
#19 dans la ville revenir
marcher à défaut, errer à défaut,
croiser les yeux flottants
des indésirables désignés
#20 être au milieu (d’eux)
(ne pas) participer à
(ne pas) appartenir à
(ne pas) refuser de
#21 ralliement de pieds et de mains
champ de banderoles en monoculture
les attentes naufragées murmurent
l’histoire n’est à personne
——— immobilité paradoxale——à rebours———
#22 en haut des monts
l’inhumain
cartographie en lignes
la haine
#23 solidarités en délit
horizons en barricades
en l’état innommable
non assistance à personne
——en danger— le mot n’est plus ———
#24 cris des aubes et crépuscules
cris sans âges, sur tous les fronts
vagues à larmes sur fond de paupière
nostalgie des verticalités obscures.
@anne-lise maurice, m.o.m.i., mai-juin 2018, mise à jour 30 juillet 2018