Le carreau en grès #1

C’est dans la maison.
C’est peut-être ce qui fait la maison. Ce qui fait la maison mienne.
L’image dans la matière, le souvenir sur le carreau,
ça rappelle de loin, les soliloques en écoute-voir.

 

 

Crépitement de moulin à sel au-dessus d’un océan d’huile,
pépé vinaigrette touille dans le saladier ébréché,
reste pas là-dessous, mémé sans sauce s’affaire à l’écrasée,
Tintement de purée fourchette aux doigts d’arthrose déformant.

 

Sous la table, langue collée en limace sur les carreaux mouchetés,
le chien échaudé berce sur son flanc la tête d’enfance en écoute.
Au fond des yeux curieux le murmure sans mots des ombres à terre
miment des histoires flottantes en caresse d’éclats de vent.

 

Reste pas là-dessous, mémé en espadrilles rouge sur la terrasse cimentée,
à bras levés, les doigts en courbes désossent le fil du linge séché.
Du grès de force les fantômes de tissu sombrent, gommées de lumière
les fables s’atomisent dans les radiations déchaînées de soleil.

 

Sur le carreau, le squelette moribond d’un cintre danse en solitude,
ça brûle les éclats de rire dans les yeux en cécité, reste pas là-dessous,
au troisième glas du rallier là-haut, l’enfance abandonne les ruines de l’indicible,
pour la réalité de toile cirée, peuplé faïence et duralex des dimanches d’été.

 

 

 

https://vimeo.com/manage/251955561/embed

 

©anne-lise maurice, m.o.m.i., brouillon 2017, modifié le 10 mars 2018

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